Exilé en Europe pour cause de maccarthysme, Joseph Losey met en abyme ses propres vécus dans son premier film français où il retrouve ses amours envers le mystère et le naturalisme du « portrait ». Ainsi le portrait d’un être en crise existentielle obsédé par sa réaffirmation identitaire et la quête de la vérité.
Combien il est intéressant de voir l’évolution psychologique du personnage au cours de cette enquête qui l’amène progressivement à sa propre perte. L’injustice subie du point de vue individuel semble enclencher la violence intrinsèque qui révèle tardivement une prise de conscience noyée dans l’indifférence de la masse tandis que l’assimilation troublante que résulte l’obsession finit par prendre les devants pour être irréversiblement périlleuse. L’identité ne se définit -elle que par rapport à d’autrui?
L’impassibilité que délivre Alain Delon en permanence s’accorde parfaitement avec l’environnement oppressant qui caractérise la France sous occupation.